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Page:César - Au moulin de la mort, 1892.djvu/135

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— Et, cependant, il faut s’habituer à cette idée, toute cruelle qu’elle est.

— Soit ! Néanmoins, je voudrais avoir une certitude quelconque. Je me disais qu’en faisant la contrebande j’aurais l’occasion, en nos courses à travers cette contrée, de découvrir une trace, de noter un bruit, de saisir un fil révélateur.

— Il me semble qu’en premier lieu, il eût été sage de refaire le trajet qu’a fait jadis ton père, du château de Noirbois aux Echelles. Ne m’as-tu pas dit que Jean Gaudat l’avait inutilement attendu ?

— Oui, du moins c’est ce qu’il a déclaré à notre vieux domestique Pierre. Je n’ai pas causé de ce sujet avec l’aubergiste. Cela est naturel, puisque sur le Doubs on ne me connaît pas sous mon vrai nom et que je ne veux pas y être connu. Mais, à propos de ce Jean Gaudat, tu as bien aussi une opinion.

— Eh ! sans doute, j’ai une opinion et pas une excellente. Il m’a tout l’air, celui-là, de ne pas perdre son temps à écouler sa conscience — s’il en a jamais possédé une.

— Je suis entièrement du même avis. Et le jugement que tu viens de porter me paraît être une vérité indéniable, à mesure que j’ob-