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Page:César - Au moulin de la mort, 1892.djvu/172

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tie ; mais c’est plutôt, à vrai dire, pour appeler la bénédiction de la Vierge sur leurs amours que pour faire cesser la sécheresse qui désole la contrée depuis six semaines.

Il y a du soleil et de la joie sur les bords du Doubs. Les barques glissent sur l’onde tranquille, prenant, tantôt sur la rive droite, tantôt sur la rive gauche, des groupes d’hommes et de femmes qui s’abandonnent au plaisir de vivre. Ceux qui ne peuvent trouver d’embarcations suivent les bords de la rivière, les uns murmurant des prières, les autres causant lentement de choses indifférentes ou se confiant des misères humaines, ce qui soulage leurs cœurs ou les met en émoi. Et il y en a partout, des Echelles à la Goule, car c’est ici que les gens du haut doivent descendre pour aller, à pied, à la chapelle du Bief d’Etoz, située à deux ou trois cents pas, sur la rive française…


Les contrebandiers, qu’on ne reconnaissait pas sous leurs habits, étaient également de la fête. On ose affirmer, sans blesser personne, que ce n’était pas précisément un besoin religieux qui poussait ces derniers dans la vallée du Doubs. Ils y avaient été invités