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leur assurer le lendemain ; même, avec le temps, elles eurent des économies, ce qui ne nuisit pas à leur tranquillité. La maladie les avait épargnées, aucun autre malheur ne vint les surprendre, de sorte que si la comtesse n’avait pas eu à déplorer la mystérieuse disparition de son mari, elle n’eût pas été trop mécontente de son sort. Il y a des moments d’accalmie au cours des événements les plus tourmentés, et c’est après la plus violente tempête que la nature nous paraît la plus assoupie.

Jeanne de Laroche, aussi bien pour remplir son devoir maternel que pour procurer au comte, s’il revenait jamais, une grande et noble joie, avait consacré à son fils, à son éducation physique et intellectuelle, les loisirs que lui laissaient ses occupations journalières. Elle voulut faire de Maurice un homme dans toute l’acception du mot, tel enfin qu’il fallait être pour prendre une modeste place au soleil, dans la société nouvelle que venait de créer la Révolution — dont elle-même était une victime.

Aussi Maurice, à l’heure où nous le retrouvons au chevet du lit de sa mère, était-il un superbe garçon, haut de taille, les reins