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Page:César - Au moulin de la mort, 1892.djvu/68

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dit que le métier des armes, à vingt ans, l’avait attiré. Porter un brillant uniforme, s’élancer sur un champ de bataille, voilà quel avait été son rêve. Quelques soldats, de retour au pays, avaient enflammé son imagination. Mais, son devoir, son affection, lui avaient conseillé de rester auprès de sa mère.

Maintenant, il était le maître. Il pouvait aller à droite ou à gauche, en avant ou en arrière. Peu lui importait, au fond. En tout cas, il fallait renoncer à la carrière militaire. Il n’avait plus l’illusion des premiers espoirs. La paix serait durable : on lisait, on devinait dans les traits, dans les paroles de tout le monde que l’Europe entière était fatiguée. Le bruit du canon avait cessé de résonner pour un grand nombre d’années. Maurice ne serait donc pas soldat.

Quoi, alors ? Ah ! c’était bien pour obéir à un désir de sa mère qu’il était devenu simple horloger ! De cette façon, il est vrai, le fils du comte de Laroche gagnait honorablement sa vie. Il avait trop de bon sens pour ignorer qu’il n’y a point de sots métiers, mais seulement de sottes misères. Toutefois il pressentait qu’une autre occupation, répondant mieux à ses goûts, flattant davantage les dis-