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air aimable, avec du plaisir dans les yeux, mais se bornait aux salutations d’usage.

Non pas qu’il fût orgueilleux. Au contraire, le nom qu’il portait ne lui disait plus qu’une chose : la pauvreté de sa famille. Il fuyait l’existence des gens de la montagne, parce que cette existence n’était pas dans ses goûts. Qu’y aurait-il fait, dans la société de ses entours ? Son instruction et son éducation l’isolaient forcément. La comtesse, comme nous l’avons dit, n’avait rien négligé pour développer le cœur, l’esprit et le corps de son cher enfant. Aussi dut-elle être, avant de mourir, et elle l’était, réellement satisfaite de son œuvre.

Maurice était maintenant un vaillant jeune homme, doué de précieuses qualités et possédant des connaissances, mais celles-là seulement que sa mère et les livres lui avaient données. Et c’était aussi le plus beau et le plus solide garçon de toute la contrée. Ses cheveux noirs et bouclés encadraient un visage d’une singulière expression ; le front large, hâlé par le soleil, dénotait l’intelligence, les viriles décisions ; au fond de son regard, on apercevait comme un reflet de la bonté de son cœur ; les traits réguliers, la bouche légè-