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AU MOULIN DE LA MORT

PROLOGUE


Par une belle soirée du mois de juin 1791, trois personnes — deux femmes et un homme — venaient d’arriver, après les mille fatigues d’une route longue et à peine tracée, sur les rochers qui dominent la vallée du Doubs, entre Biaufond et Goumois. L’une des femmes était jeune, vingt-cinq ans à peu près ; l’autre en avait bien quarante, tandis que l’homme dépassait la cinquantaine. Celui-ci portait dans ses bras un tout petit enfant, âgé d’environ six mois.

De l’endroit où ils s’étaient arrêtés, la vue, en plein jour, eût été sauvagement belle et pittoresque. Devant eux la rive suisse, où ils devaient se rendre ; à leurs pieds, le lit de la rivière, d’une profondeur de cent à cent vingt mètres ; à droite et à gauche, en amont