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le forgeron de thalheim

Le père de Suzanne avait été très mécontent de la fête de Thalheim. Il le prouvait bien ! Quoique né pauvre comme Job, il n’entendait pas que sa fille épousât un forgeron — ni plus ni moins. Il n’avait rien, il est vrai, à reprocher à Robert Feller ; au contraire, quand l’éclat des écus ne l’aveuglait point, il rendait justice au fils de la veuve. Il est probable même qu’il lui voulût quelque bien de ce que Robert avait eu le courage d’arrêter son cheval furieux ; mais, je vous le demande, où en irait-on si, pour une action, à la rigueur très ordinaire, un père de famille était obligé de donner sa fille, une fille charmante, avec une dot cossue, au premier garçon venu que le hasard jette à la tête d’une bête épouvantée ?

Aussi, le tuilier, ayant également remarqué que le forgeron n’était pas si indifférent à Suzanne qu’on eût pu le croire, avait jugé prudent de tenir les jeunes gens, à distance. Donc, plus de dîner le dimanche, plus de visites à la forge : au contraire, Otto Stramm fut invité, de temps à autre, à passer une heure ou deux dans la famille Teppen.

Otto Stramm ne dédaigna point ces avances. Bien mieux, il se montrait de plus en