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le forgeron de thalheim

rêter à la jupe effiloquée de la jeune bûcheronne ? Il n’aurait pas cette naïveté-là !

Et Suzanne, aimait-elle le forgeron ? Le forestier ne le croyait pas. Et encore, que cela eût été ? Otto Stramm savait par expérience qu’une passion de cette nature n’est pas éternelle. Il ne descendait pas du Werther de Gœthe, l’employé de l’administration des forêts.

Comme si le hasard capricieux eût juré d’offrir à Suzanne, ce jour-là, deux prétendants au lieu d’un, le forestier demanda au père Teppen s’il lui était permis de revenir souvent, bien souvent même, car, ajouta-t-il sur un ton parfait, j’aime votre fille, je l’aime de toutes les forces de mon jeune cœur. Joseph Teppen sourit. Cette seconde mise en demeure de décider du sort de son enfant lui parut quelque peu brusque ; néanmoins, il répondit qu’il verrait ses visites avec plaisir, et que sans doute Suzanne accueillerait favorablement ses hommages. Mais, assez mécontent de lui-même, quoi qu’il en eût, et voulant en finir une bonne fois, il adressa deux mots d’excuse au forestier, et sortit de la chambre, le laissant seul. Un instant après, Suzanne entrait.