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LE FORGERON DE THALHEIM

Le magistrat posa encore une, question à Robert :

— Cet homme parle-t-il selon la vérité ?

— Oui, je vous le jure, monsieur.

— Bien, Robert ! fit le bûcheron.

— Pourquoi ne m’avoir pas dit cela plus tôt ? répliqua sévèrement le juge chargé de l’instruction. Vous vous seriez épargné bien des désagréments.

— Monsieur, dit lentement Robert, cet homme, ce malheureux père, c’est mon ami. Je l’aime et je l’estime, et pour rien au monde je n’eusse voulu proférer la moindre accusation contre lui. Sa vieillesse me fait pitié et je pleure de voir des larmes sur ces joues hâlées. Il est bon. Il a peut-être trop aimé sa pauvre fille.

Ce langage, conquit l’admiration du magistrat. Aussi, malgré son orgueil national — il n’était pas Alsacien — sa voix avait-elle un accent sympathique en disant à Robert :

— Vous avez un noble caractère, monsieur, et tout homme doit s’estimer heureux de s’appeler votre, ami. Ne gardez pas rancune à la justice : les preuves amassées contre vous étaient accablantes. Vous êtes libre.