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LE FORGERON DE THALHEIM

— Quoi ! elle sait ?

— Oui, tout.

— Qu’a-t-elle dit ?

— Qu’elle t’aimait, qu’elle n’avait pas un instant douté de toi, malgré les preuves accablantes, comme s’est exprimé le juge tout à l’heure. Tu verras, Robert, un jour tu seras heureux. Otto Stramm est mort, Suzanne est fidèle, et Teppen hésitera avant de choisir un autre gendre que toi. Oui, Robert, tu seras heureux. Pour moi, la vie est finie.

— Ne dites pas cela, Jean. Vous me faites mal. Les juges vous absoudront, sans doute.

— Tu les calomnies. Ils ne pardonneront pas à un Alsacien d’avoir tué un des leurs.

— Mais ils sauront se mettre à votre place, mais ils comprendront, la colère d’un père mortellement offensé dans son enfant.

— Peut-être. Mais pars, Robert ! Si quelquefois mon souvenir traverse ta mémoire, viens me voir, si c’est permis. Nous parlerons de toi, de Suzanne…

— Et de Georgette.

— Oui, c’est cela, et de Georgette. Malheureuse jeune fille ! Au printemps prochain ! Je n’ose y penser ! Elle ne connaîtra pas cette félicité qu’on trouve dans une union bénie.