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LE FORGERON DE THALHEIM

un bonjour à la veuve Käthel, mais c’était assez rare, car elle craignait aussi de mécontenter le père de Suzanne. A l’approche du printemps, les visites cessèrent tout à fait : la bûcheronne n’osait plus affronter les regards du public. Elle restait donc dans sa : chambre, à côté de celle de son amie.

Jean Schweizerl avait été condamné à un an de prison, jugement qui avait surpris beaucoup de monde : on s’attendait à une sentence plus sévère. Mais l’avocat de l’infortuné, passant rapidement sur le crime perpétré, avait éloquemment défendu cette cause, appuyant toutes ses raisons sur l’affection du père pour son enfant. Il avait ému les juges, et ceux-ci, tenant bon compte des circonstances atténuantes, avaient cru de leur devoir d’user de clémence. Jean n’était pas un criminel endurci, l’action qu’ils avaient à condamner était une vengeance presque justifiée par l’inqualifiable lâcheté de la victime, Otto Stramm, dont la dépouille mortelle reposait au cimetière de Thalheim.

Cette année parut bien longue et bien triste au pauvre homme. Ses forêts lui manquaient. Néanmoins, il ne perdit pas courage, car chaque fois que Robert le visitait, il lui ap-