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LE FORGERON DE THALHEIM

reurs dans la tête. Elle était fatiguée et son bras s’appuyait sur celui du forgeron qui, dans son bon cœur, éprouvait une sincère pitié pour la fille de Jean Schweizerl ; Teppen, sa femme et Suzanne venaient ensuite, en proie aux diverses réflexions que cet événement leur suggérait. Le tuilier y voyait une brèche faite à sa propriété et à sa fortune, la mère songeait à ses piles, de linge peut-être entraînées par le courant dans la boue de la terre détrempée, et, Suzanne se disait qu’une nouvelle chaîne unissait désormais, plus étroitement encore, sa destinée à celle de Robert. Douleur et joie ! L’amour de l’aimable enfant s’accroissait de tous les dévouements du jeune homme, et cette fois le père ne refuserait sans doute plus son consentement à leur union. Et-tout en suivant du regard la silhouette du forgeron qui se dressait devant elle, dans la nuit, Suzanne, en dépit de l’averse, avait ce bon sourire qu’ont les lèvres roses quand les yeux entrevoient une existence de joies pures et d’affections saintes.

On arrivait à la forge. Robert envoya son ouvrier à la tuilerie avec l’ordre d’y passer le reste de la nuit, et, en cas de nouvel accident, d’accourir les prévenir. Mais tout