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Page:César - Le forgeron de Thalheim, 1885.djvu/283

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le forgeron de thalheim

misères, la douleur, le désespoir âpre et les larmes secrètes. Elle était comme aveuglée par tant de félicité. Un nouveau soleil se levait, le soleil de l’amour qui se connaît, se sent, se voit et se dit éternel. Et son père, son bon petit père qui lui souriait toujours, qui la contemplait d’un air qu’elle ne lui avait jamais vu ! Ah ! oui, il méritait qu’on le punît de sa dureté exécrable ; et, mettant aussitôt sa pensée en action, elle sauta au cou du bonhomme et couvrit son visage d’une pluie de baisers.

— La, la, ma fille, voilà un mauvais jaloux qui te regarde, dit le père après avoir répondu aux caresses de son enfant.

Puis il la poussa dans les bras de Robert.

— Eh bien, tu ne veux donc pas l’embrasser, lui ?

Mon Dieu ! on ne refuse jamais d’obéir à de pareilles sommations.

Marguerite Teppen eut également sa part de tendresses, et, tout heureuse de la résolution qu’avait enfin prise son mari, elle descendit lestement à la cave d’où elle rapporta bientôt une excellente bouteille de vieux bourgogne, le vin des grandes occasions.

Les verres eurent un joyeux cliquetis.

— À ta santé, mon garçon ! dit le tuilier