Page:César - Le forgeron de Thalheim, 1885.djvu/81

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
81
le forgeron de thalheim

— Eh bien ! mon enfant, je t’écoute !

Alors Robert :

— Ça m’est arrivé comme je n’y pensais pas, je t’assure, mère !

— Je le crois sans peine. C’est toujours ainsi. Mais, parle, dis-moi quelque chose, que je sache enfin où tu en es.

— Mon Dieu, ce sera vite fait.

A la fin du printemps de cette année, vers le mois de juin, je passais un jour près de la tuilerie. Il pouvait être quatre heures de l’après-midi, et c’était un beau dimanche. Suzanne était au fond du jardin, à côté du chemin qui va de la grande route à la Ravine, chez Jean Schweizerl, d’où je venais. Je m’arrêtai deux secondes pour lui souhaiter le bonsoir ; elle répondit si amicalement à mon salut que je m’oubliai à la regarder. Elle est si belle ! Puis, sans songer à rien, je lui demandai si elle n’aurait pas la bonté de me donner une rose, une toute petite : il y en avait tant, je pouvais bien lui dire cela, n’est-ce pas ? — Volontiers, fit-elle de sa voix douce, mais tâchez qu’elle ne se fane pas trop vite, et, alors, j’observai, sur ses joues, comme un rayon de soleil empourprant la peau transparente. Oh ! je fus bien heureux ce jour-là, va, ma