Page:Côté - Bleu, blanc, rouge, 1903.djvu/109

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qui vous enviaient, devenir le serviteur du serviteur d’autrefois, c’est un peu l’histoire de tous les jours !…

Ah ! viennent les automobiles, les boutons électriques, les blanchisseuses automatiques, tous ces domestiques inconscients et insensibles de l’humanité de demain, l’homme est devenu trop ingrat. L’on croit s’acquitter avec un maigre salaire d’une dette d’amour et de dévouement contractée envers ceux qui nous ont fidèlement servis. Lorsque l’âge a ankylosé leurs membres, que, devenus hargneux, ils vous ennuient de leurs jérémiades, de leurs inoffensives manies, avez-vous le droit de les jeter sur le pavé, sans un sou, sans une parole de bienveillance et de gratitude ?

Quand l’hôpital les a recueillis, ne pourriez-vous au moins leur consacrer quelques instants, apporter un dernier rayon de consolation dans ce triste séjour, et leur procurer quelque douceur. Venant de ceux qu’ils ont bercés et choyés, comme ces attentions leur seraient douces !

Ah ! ceux-là qui nous ont aimés sont nos parents ! C’est la véritable voix du sang ! Malheur à qui ferme son oreille à ces voix impératives qui, par de là la tombe, crient vers nous et réclament le paiement de la dette d’amour !

Le théâtre de la rue est fertile en vaudevilles, en comédies d’une minute, en mots à facettes, en décors inattendus, qui, au moment où vous vous y attendez le moins, vous arrachent des entrailles les fusées jaillissantes d’un rire homérique. Des transformations, des trucs, des fantasmagories qui stupéfieraient le dramaturge ou le régisseur le plus fécond en mirobolantes surprises, selon l’heure à laquelle vous assistez aux représentations ! Prenez le tramway à six heures, écoutez ce qui se dit près de vous, observez les figures de vos voisins, les airs de miel rance des petites dames, en présentant une correspon-