Page:Côté - Bleu, blanc, rouge, 1903.djvu/125

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

pavé de saphirs et incrusté d’astres. Les anges sur des gradins disposés en amphithéâtre chantaient des hymnes sacrés en s’accompagnant sur leurs théorbes. Saint Pierre solennel sous sa couronne d’or, agenouillé sur des coussins de nuage portait dans ses bras un enfant vêtu d’une robe éblouissante d’un tissu aérien.

— Où donc est le trône de Dieu, fis-je, à une petite sainte près de la porte, un amour de sainte, toute mignonne avec de beaux yeux bleus.

— Là, vers le grand soleil, perdu dans cette vapeur d’encens, qui monte de la terre en adoration. Soudain la voix grave de Pierre fit résonner les saints parvis :

— Jéhovah, permets que j’introduise dans l’Éden cet enfant de la terre, que la mort a pris au berceau. La pureté le fait l’égal, le frère de nos chérubins. J’ai promis à sa mère, pour la consoler, que le petit chanterait dans le concert angélique, ce soir même.

— Une voix s’éleva du soleil, harmonieuse et douce comme le chant d’une harpe : Pierre !… comme je te reconnais bien là, les femmes font de toi ce qu’elles veulent. Pour elles, tu compromettrais ma justice divine. Pierre, tu t’es emballé, ce petit n’a pas fait sa journée, il n’a pas droit au plein salaire de nos élus.

La matière est le creuset d’où l’âme sort ennoblie et purifiée, seule la souffrance fait les saints et les héros. Le ciel n’est pas un Jardin de l’Enfance : on n’y accorde pas de prix d’encouragement ou de charité. C’est le lieu du repos, la patrie des âmes fortes à qui l’expérience, la sagesse et la science ont donné la virilité. — J’ai dit.

Prends l’enfant et renvoie-le se réincarner. — Mais je veux qu’il choisisse son destin, avant qu’il retourne là-bas. L’Éternel dirigea un rayon de sa gloire sur la terre, et notre planète devint lumineuse. Et comme dans un