Page:Côté - Bleu, blanc, rouge, 1903.djvu/140

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qui demeurera des atômes, que l’étincelle divine n’a jamais animés, un néant s’enfonçant dans le néant ; car ce qui fait l’homme immortel, c’est la pensée fécondante, l’amour ardent d’une sainte cause : le vieil Homère, le sage Platon, le Christ Jésus, le doux Vincent de Paul, nos martyrs de 37, le grand Papineau demeurent éternellement jeunes, l’aube du siècle nouveau redore leurs noms sur le monument de la gloire. Comment pouvez-vous espérer survivre, vous qui n’avez jamais aimé, partant jamais vécu, pauvres jeunes vieillards !…

Ou bien, éveillez vous, sortez de votre torpeur. Le Père Lalande vous a dit, en souriant, une vérité profonde : « Il reste une ressource à exploiter dans notre Canada, c’est la sagesse des vieillards qui ne sont pas vieux. »

C’est vrai, emparez vous de ces brillantes utopies, qu’ils ont conçues dans les douleurs et les larmes, faites-en des réalités, demain. Matérialisez le rêve, vous serez invincibles, « jeunes barbes, » si à la vigueur des muscles, aux battements réguliers d’un cœur neuf, à l’infini des idées progressives, vous ajoutez la fraîcheur d’âme, le patriotisme, les traditions de loyauté des « vieilles moustaches. »