Page:Côté - Bleu, blanc, rouge, 1903.djvu/159

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


LES PREMIERS PAS


Une douce fraîcheur descend des arbres, mettant des perles à la dentelle des feuilles, on dirait des joyaux tombés de la parure des cieux étoilés. Le papillon se blottit dans le cœur de la rose et les belles-de-nuit ouvrent leurs corolles à la brise embaumée. Les oiselets piaillent et se querellent, comme des marmots qui n’ont pas sommeil et que les mères forcent à dormir en grondant doucement. Des troupeaux de vaches reviennent lentement du pâturage, suivies du chien qui aboie et mordille les jarrets des récalcitrantes. Minet, sur le seuil de la porte, se lèche le museau en songeant à l’écuelle de lait chaud.

Le tic tac du moulin s’est tu. De la rivière, moussant sur l’écluse, s’élève un concert étrange qui endort les rêveries.

Une seconde vie frissonne dans les êtres, vie mystérieuse et profonde dont l’artère bat dans le brin d’herbe qui croît en sommeillant, dans l’insecte bruissant sous la feuille, dans le lézard aspirant au bord de son trou la