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SONGERIES D’OCTOBRE



LA forêt comme une vierge romaine s’est parée pour mourir : les rubis et les améthystes étincellent dans sa chevelure dorée où glisse un rayon de soleil empourpré. Dans les sentiers jonchés de débris errent encore quelques couples d’amoureux ; frileusement enlacés ils se murmurent des paroles d’adieu, car le vent qui gémit tinte comme un glas à leurs oreilles. Les feuilles qui avaient abrité leurs amours se détachent une à une des grands arbres, emportées par le même vent qui nous pousse, nous, pauvres feuilles humaines, vers notre inconnu de demain.

Ô fontaine, soupirant dans la mousse flétrie, pourquoi n’as tu pas gardé l’image du ciel de mai et des brunes hirondelles qui venaient mirer leur bec rose et baigner leur plumage soyeux dans ton onde limpide, le reflet des