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SOUVENIR D’AUTOMNE



EN suivant d’un œil rêveur la farandole des feuilles dans l’espace, la ballade de Millevoye me monte aux lèvres :

Tombe tombe feuille éphémère
Voile aux yeux ce triste chemin,
Cache au désespoir de ma mère
La place où je serai demain.

Et mon esprit évoque soudain le spectre désolé du poète mourant qui veut revoir « une fois encore : »

« Le bois cher à ses premiers ans. »

Les feuilles s’entrechoquent sous ses pas avec le bruissement sec des os de squelettes, tandis que le vent pleure dans les branches mortes, un requiem plus plaintif encore que celui de Mozart. Pauvres poitrinaires, quel triste sort est le vôtre ! Regarder décliner le nombre