Page:Côté - Bleu, blanc, rouge, 1903.djvu/291

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
283
bleu — blanc — rouge

Tu es donc le printemps, l’amour déguisé en marquise… Ah ! viens ! viens tirer des feux d’artifice de pierreries dans le ciel bleu, fais que les amoureux retournent dans les sentiers fleuris se dire des serments de tendresse, tandis que sur la branche les oiseaux se chamaillent en s’accrochant par grappes ! Qu’ils brodent, sur le thème de la romance du rossignol, une mélodie sortie de leur cœur plus douce que le plus harmonieux des chants humains !…

Année 1902, sois la bienvenue !… Il est d’usage à l’aurore de la nouvelle année, (respectable cliché des couvents) de former des souhaits de bonheur pour ceux qui nous sont chers. J’estime qu’il faudrait avoir un œil dans la divine prescience pour les offrir en toute sécurité.

Mademoiselle, vous voulez un beau petit mari à Pâques !

Dans le fouillis de votre jolie toilette rose, vous êtes si fraîche, si gentille, que vous ressemblez à une fleur aux pétales entr’ouverts. Si, au lieu du rayon de soleil que vous attendez pour vous épanouir, le simoun dispersait aux quatre vents votre corolle parfumée !… Si victime de l’égoïsme, de l’indifférence d’un homme sans cœur et sans honneur (il y en a), je vous retrouvais au bout d’un an abandonnée, désillusionnée et flétrie… Oh ! comme je regretterais de vous avoir souhaité un beau petit mari à Pâques !

Si, Monsieur, pour vous avoir désiré millionnaires, je voyais votre cœur se durcir comme un cailloux, votre main se fermer aux amis, votre sensibilité se cuirasser contre les plaintes des miséreux, et votre simplicité, votre bonhomie se métamorphoser en l’outrecuidance du parvenu, de désespoir je m’enfoncerais mon souhait dans la gorge !…

Poète divin, que la souffrance fait chanter, si je demandais à la nature de faire couler en tes veines un sang