LE DÉMÉNAGEMENT
E déménagement, qui met sens dessus dessous la
grande cité, trouble l’harmonie des foyers, démolit
la presque totalité des nids montréalais, en voici poindre
l’aurore. Certains l’appellent de leurs vœux. D’autres
l’appréhendent cruellement.
Mystère de l’atavisme !
Vingt siècles de civilisation n’ont pu mater le bohème, le nomade, qui dort dans l’homme. Il s’éveille aux premières caresses de la brise printanière : le vague des horizons lointains le tente, la vie libre des champs l’hypnotise, il suit d’un œil d’envie l’oiseau qui va cacher son nid dans le touffu des bois. Le besoin de promener ses pénates l’obsède, il rêve d’aventures, de nouveaux sites.
Voyez passer ces hautes voitures bondées de meubles ; ils vont cahin-caha, pêle-mêle, étonnés de se trouver ensemble. On dirait une roulotte de tziganes : les gosses,