Page:Côté - Bleu, blanc, rouge, 1903.djvu/33

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ingénu. Et, quand il évoque le souvenir de la maison rustique où s’écoula son enfance, le verger, la cour et tous les lieux marqués au coin d’une de ses joies ou d’un de ses chagrins passagers de gamin, il pleure, au sein de tout ce bien-être lui souriant, dans cette tiédeur de serre où s’épanouit son bonheur, car il sait comme Héraclite, « Qu’on ne se baigne pas deux fois au même flot, » que les oiseaux partis du nid, n’y reviennent plus, qu’un ange sévère garde la porte de l’Éden, armé d’un glaive et qu’il doit marcher à de nouvelles destinées implacables.

Mais il transmettra une chose à ses fils : le nom de ses pères et l’héritage des traditions ancestrales de loyauté et d’honneur, avec défense, sous peine de malédiction, de profaner le précieux legs.

Myrto, je laisse votre perspicacité pénétrer la brume de l’allégorie ci-haut donnée. Le brillant député de Labelle, M. Bourrassa, avait dit avant moi : « Nous sommes des Français, sujets anglais, » et M. Paradis, ajoute : « Nous sommes et resterons français. » Si nous sommes Français, conclusion logique, la France est notre patrie. Nous lui devons, Myrto, outre l’admiration que chacun doit lui donner, car la France est l’âme de la poésie, du beau, du sublime, l’amour d’un enfant pour sa mère. Nous devons à son drapeau tricolore, qui est le nôtre, de marcher sous son ombre à la conquête de notre indépendance, et nous avons l’obligation de rester « sans peur et sans reproche » afin d’être dignes de notre nom !

Myrto, nous devons d’être ce que nous sommes au sang français qui coule dans nos veines « Bon sang ne peut mentir. »

Parodiant une chanson célèbre, je dirai :

Mon âme à la France
Mon cœur au Canada.