Page:Côté - Bleu, blanc, rouge, 1903.djvu/345

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
337
bleu — blanc — rouge

Nous sommes à Pâques ! Anges du ciel, étendez vos ailes sur les amoureux, protégez-les ! Alléluia !

D’où vient que des notes discordantes sonnent dans le grand concert de la nature ? Des grincheux s’obstinent à bouder la bonne vie, à lui faire la lippe. Ils voudraient briser sur le sol la coupe d’ambroisie que l’Éternel mit en leur main, parce que le divin nectar s’est changé en fiel sur leurs lèvres. Mais si les femmes et les hommes trompent, l’amour, lui, ne trompe pas. Le soleil ne se fâche jamais, le ciel a toujours des fraîcheurs pour calmer les fièvres de l’âme.


Quand tout change pour toi la nature est la même
Et le même soleil se lève sur tes jours !

LAMARTINE.

Toi-même, miséreux, sans asile, sans amour, quand viennent les beaux jours, que le palais des forêts verdit, que les nids poussent sur les branches, qu’il pleut des baisers et des caresses sur ton front libre et fier, que sur la table des gazons fleuris tu étales ton maigre dîner, c’est toi, le roi de la nature, toi, pour qui tout s’éveille et chante. Écoute germer la vie et pousser les graines ; aspire à pleins poumons les parfums de la sève, n’envie pas l’air lourd des boudoirs capitonnés, où couvent les pensées malsaines, les dégoûts de l’existence, les projets de suicide et de tyrannie, sois content de ta royauté !