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COMME UNE REINE


Heureuse comme une reine !

Que de fois cette exclamation m’a rendue rêveuse ! J’ai interrogé l’histoire des souveraines illustres, à tous les âges de l’humanité, et je n’ai rien trouvé qui justifiât cette croyance populaire, cette loi naïve au bonheur caché sous la pourpre ou l’hermine.

Est-ce Cléopâtre, ou la reine de Saba ou Agrippine ? Est-ce Brunehaut ou Frédégonde ? Serait-ce, par hasard la pauvre Marie Stuart payant de sa tête une royauté de grâce et beauté qui portait ombrage à sa cruelle et froide cousine, la « virgin queen,» fausse colombe, idéal de la pruderie britannique ! Élisabeth, ton génie et ta gloire n’ont pu combler ton âme insatiable ; le remords, comme un ver rongeur déchire tes entrailles et tu expires dans un spasme de désespoir, la face contre terre, mangeant la poussière, appelant la mort à grands cris, pour échapper à ta victime qui te poursuit partout !…

Et, sans remonter si haut, l’infortunée Marie Antoinette bravant hautaine et digne la populace en fureur,