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MON PAYS, MES AMOURS !


Le jour de la fête d’une mère fait époque dans les joies de l’enfance. Le souvenir de ces réjouissances intimes parfume le cœur. Telles on retrouve encore, après des années, les dernières exhalaisons des roses mortes, dans les feuillets d’un vieux livre jauni par le temps.

La mère est assise dans le grand fauteuil du salon, la figure illuminée d’un radieux sourire et les petits rangés autour d’elle, lui offrent leurs souhaits de bonheur. Paul déclame une belle poésie. Lili, de sa faible voix douce comme un soupir de rossignol, module une jolie romance, en tapotant sur le piano un accompagnement adorablement faux. Un bébé rose, tout bouclé, esquisse gravement une ébauche de salut et gazouille : « Le souriceau et le çat. »

Un souriceau tout zeune… tout zeune… tout…

Mais il se trouble, rougit, balbutie, éclate en sanglots et court se cacher dans les bras de sa mère.

— Sait plus !… Z’ai tout oublié ! Mais ze t’aime…