PAROLES D’AGONIE
UE d’événements pour les journalistes, cette dernière
quinzaine ! La Reine, Verdi, Buies, montent au
ciel, comme Faust, dans le superbe apothéose des torches
incendiaires. Étrange coïncidence, le règne de Victoria Ire
se lève sur la rébellion de 37 ; alors que les martyrs
de la liberté expient sur le gibet infamant le
crime de rester français et de ne pas lécher la main du
maître, qui veut les courber comme des fauves sous le
bâton rouge. Le sang canadien coule par torrent et
rougit les ruisseaux de nos campagnes, la tête des patriotes
est mise à prix, leur chaumière incendiée, leur femme et
leurs enfants rudoyés et battus par d’ignobles soudards.
« Le soleil se couche comme il se lève, » dit un vieil adage du pays. L’astre de la royauté britannique disparaît en jetant sur le sol ensanglanté de l’Afrique Sud un rayonnement de topaze et de rubis ; son disque lumineux est voilé par une large tache rougeâtre qui empourpre le ciel. Mais, avant de tomber dans la grande ombre, le soleil mourant se penche doucement pour caresser la