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la terre ancestrale

Ces amicales discussions se poursuivaient toujours avec le sourire sur les lèvres ; les éclats de rire de toute la famille les accompagnaient. Madame Dion, femme économe, surveillait de fort près le budget de sa famille. Tout de même, elle était affligée d’un petit défaut — quelle personne, prétendue parfaite, n’en a pas ? — : quand elle avait décidé qu’un objet était blanc, il fallait qu’il le fût. Inutile de s’époumoner à lui faire comprendre qu’il était noir.

Alphonse, un des fils de la maison, voyant que sa mère dansait sur le bon pied, entreprit de la taquiner un peu. Il était, celui-là, agent voyageur.

— Si maman me le permet, dit-il, je vais vous raconter l’histoire d’un sale tour que je lui ai joué, il y a quinze ans. Si elle m’avait découvert j’aurais goûté d’une fameuse tripotée. Cependant, si elle veut me promettre de ne pas trop reluquer le manche à balai, je vais aujourd’hui vous conter l’histoire.

— Je ne promets rien, mais conte toujours, répondit la mère.

— Vas-y, ajouta le père, les anciennes fautes sont pardonnées.

— Dans le temps, commença le fils, j’étais commis en mercerie ; ou plutôt non, je commençais à vendre aux détaillants de la ville. J’étais un peu gommeux. Aussi,