Page:Côté - La Terre ancestrale, 1933.djvu/125

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
125
la terre ancestrale

Pierre Michaud à son ami.

— Je l’ai vu, le chenapan !

— Il est bien attelé, le pendard !

— Te laisses-tu boucher les yeux par ce luisant-là, Pierre ? Il ne me fera pas croire qu’il peut s’acheter un tel jouet lui qui, l’hiver dernier, dut se faire hiverner par son père. Si elle lui appartient, c’est qu’il l’a volée, ou, il l’a empruntée, ou louée, ou achetée à crédit ; dans ce dernier cas, on va la lui saisir à son retour. C’est un propre à rien ; on ne devrait pas laisser un pareil gibier entrer dans la paroisse.

— Il me raconte qu’il veut se ramasser de l’argent et venir se remettre à la culture.

— Il en a un bel outil pour accumuler les écus ; c’est ça ces machines-là qui en rapportent ! De la blague, Pierre, tout de la blague, des menteries. Prends garde, mon vieux, méfie-toi : il m’a gaspillé mon garçon, il pourrait bien aussi te gâter les tiens.

— J’aurai l’œil, Jean.

— L’œil, et les deux, et encore… La meilleure sûreté c’est de jeter ces crapauds-là à la porte comme des chiens galeux. Bonjour Pierre.

— À tantôt.