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LA TERRE ANCESTRALE

écraserais avec plaisir des poignées de ces crapauds-là. Heureusement que la Jeanne est de bon bois d’érable.

À peu de temps de là, Delphis retournant à Québec, le vieux terrien se trouva débarrassé de son cauchemar. Avant de quitter Hubert, le citadin lui avait dit :

— Je t’écrirai, mon vieux, et te renseignerai. Quand tu voudras venir, envoie-moi un mot et je te trouverai de l’ouvrage.

L’automne vint, jaunissant la campagne. La nature préparait peu à peu le repos du sol.

Hubert, aiguillonné par l’orgueil et un peu par la jalousie, se montrait moins timide avec la fille de son voisin. Il se risquait même aux aveux, mais bien discrètement. La jeune fille souriait, approuvait. Bref, tout marcha si bien, qu’à la Noël, le mariage était presque décidé.

La Noël, la Minuit, les Fêtes ! époque tant désirée des petits et des grands : époque des réjouissances, des joyeuses réunions de famille auxquelles on se rend de fort loin. Ce soir de Minuit, la paroisse entière était en liesse. Toutes les maisons, d’ordinaire vite closes, gardaient leurs plus brillantes lumières. L’église, comme pour donner le branle à l’allégresse, resplendissait par toutes ses fenêtres. Chez Jean Rioux, on attendait Louis et Élise avec leur