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Page:Côté - Papineau, son influence sur la pensée canadienne, 1924.djvu/125

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Papineau

À L.-J. PAPINEAU
Hélas ! déchu de ton sublime espoir,

Ma muse te suivra sur la terre étrangère,
Où l’ombre te grandit comme l’astre du soir !
Elle honore ton nom, car mon cœur le vénère,
Ta grande âme s’épure au creuset du malheur.
Ô fils aîné de ma patrie,
Ô toi de ton pays et l’orgueil et l’espoir,
Évoque ton passé comme un vivant miroir !
Un monument s’élève à ton génie
Ce monument est immortel :
L’amour te l’érigeait dans l’âme de tes frères.
Comme on bâtit un saint autel,
Pour transmettre à nos fils le culte de leurs pères !
Qu’importe que mes pleurs suivent ton souvenir
Quand le malheur dévore un si grand avenir ?
Ta chute, ton exil rend ma lyre muette,
Mais c’est à te chanter que grandit un poète !
Sacré martyr de liberté !
Gémiras-tu longtemps dans ta captivité ?
As-tu vu périr ta mémoire ?
Au livre du destin ton nom a-t-il pâli ?
Ne trouverait-il plus une page de gloire
Ce nom que tu gravas au cœur d’un ennemi ?
Tu vieillis de jours d’infortune
Pour rajeunir à la postérité :
Ton astre a son déclin. Le soleil et la lune
S’effacent dans la nue au temps d’obscurité :
Mais leur splendeur plus pure
Rayonne en la nature,
Quand ils viennent tout radieux,
Reprendre leur beau cours dans la voûte des cieux.
Tel sur le Canada, comme une étoile heureuse,
Renaît en souriant la nuit voluptueuse,
Tu reviendras un jour, brillant de ton éclat,