Voix grondante qui parle à côté du tonnerre
Vase plein de rumeur qui se vide dans l’air.
Papineau fut cet airain, son verbe s’est tû il y a cinquante ans. Mais des sonorités émues traînent encore dans l’air. Il faut que notre race soit dans le coma, si ce nom ne la tire pas de sa torpeur. Quel stupéfiant lui a-t-on injecté dans le sang puisque rien ne sursaute en elle à l’énoncé de ce vocable qui vibre comme un gong ? Ceux qui ont intérêt à lui garder rancune l’accusent — ô ineptie ! — d’avoir subtilisé son cou au nœud coulant de la potence, d’avoir eu cette originalité de soustraire son squelette à la camarde avant l’échéance, alors que la révolution canadienne battait son plein. Il ne l’a pas fait par lâcheté ; il avait risqué cent fois sa peau lorsqu’il échappa à ses bourreaux, mais par calcul pour ne pas compromettre le mouvement libéral qui avait déjà coûté trop de sang. Si on avait pu éteindre cette voix avec celle des autres, c’en était fait de la cause. Dieu soit loué, qui eut pitié de cette tête magnifique !
Papineau fut l’écho retentissant de tous les appels à la liberté. Toutes les hontes, toutes les misères, les angoisses de nos pères, il les avait prises à son compte, sur ses robustes épaules, non pour les expier, mais pour les venger. Son génie fait d’amour, de force et de volonté est l’honneur de notre histoire et de notre race. C’est par son patriotisme qu’il a vécu. C’est à cette voix supérieure qu’il a obéi pour nous sauver du soudard anglais. C’est pourquoi il méritait que son nom fut inscrit dans le calendrier de nos saints laïques. On lui devait les hommages qu’on ne lui a pas rendus. Mais de