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Page:Côté - Papineau, son influence sur la pensée canadienne, 1924.djvu/162

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Discours de Papineau

une infériorité marquée que de négliger de les bien apprendre également toutes les deux, que de n’être pas apte à goûter avec avidité les fruits exquis que leurs littératures ont produits, plus abondants et plus savoureux que ceux des autres peuples.

Non, il n’est pas vrai que les discussions politiques, qui ont été si acharnées dans les deux Canada, fussent une lutte de races. Elles étaient aussi âpres dans le Haut-Canada, où il n’y avait qu’une nationalité, qu’ici où il y en avait deux. Les majorités de toutes deux étaient des amis désintéressés des droits, des libertés, des privilèges dus à tous les sujets anglais. Elles s’exposaient à des diffamations menteuses, à des colères dangereuses, à des vengeances sanguinaires, de la part de minorités égoïstes, faibles par elles-mêmes, mais soutenues par la puissance des baïonnettes, payées avec l’or du peuple, mais partout dirigées contre le peuple.

Les hommes les plus éclairés de l’Angleterre et de l’Amérique ont appelé nobles et justes les efforts que mes amis anglais et mes amis canadiens, que moi et mes collègues en chambre, et nos collègues par l’identité de principes et la communauté de dévouement dans l’assemblée du Haut-Canada, avons faits pour délivrer nos pays de l’outrage et de l’oppression. Il était dans les préjugés et dans les intérêts de l’aristocratie d’applaudir aux excès de la bureaucratie coloniale, noblesse au petit pied, singeresse des grands airs, adepte du machiavélisme de ceux qui l’avaient installée. Le parlement les a approuvés, la raison les a flétris. Mais n’est-il pas notoire que plus des neuf dixièmes de la représentation impériale restent étrangers à tout intérêt, à toute connaissance de ce qui se fait, et de ce qui devrait se faire, dans les colonies ? À cette époque surtout, c’est le ministre colonial qui doit savoir ce qui leur convient. Il est payé pour le savoir. À lui l’honneur du succès, la honte de l’erreur, la responsabilité des décisions, et la troupe moutonnière emboîtait le pas après lui. Mais les hommes qui, toute leur vie, ont été amis des droits et des libertés publics, sans jamais les déserter, les princes de la science du juste et du droit : — le vertueux Sir James MacIntosh dans nos pre-