soumission. Il y avait là un de ces procédés machiavéliques de la politique anglaise pour diviser un peuple et déshonorer le papisme qu’elle hait ici comme en Irlande. L’esprit du sectarisme trouble les plus belles intelligences, au point de faire oublier à un historien préjugé le culte qu’il doit au libérateur de notre peuple. Pourquoi n’a-t-on pas mis au jour la correspondance échangée entre les ministres anglais et les hauts dignitaires ecclésiastiques dans laquelle les tentatives de séduction et les menaces alternent, et montré dans quel piège sa bonne foi fut prise plutôt que de diriger sur le tombeau du héros la flamme renversée de leur cierge et l’accabler d’anathèmes qui sont restés et restent sans effet ?
Ils n’ont pas réussi dans leurs calculs ; de 350,000 habitants, notre population a monté jusqu’à trois millions. Et il ne tient qu’à nous que l’arche qui contient le dépôt sacré de nos traditions domine le flot montant de l’immigration. Pour cela, il faut que nos institutions ne soient pas inférieures à celles des autres pays et que nous conservions le génie de notre langue et l’idéal français, sans quoi les étrangers ramasseront le flambeau que nous laissons échapper. Il faut savoir doser l’immigration avec art si l’on ne veut pas que, sous prétexte de nous renforcir, on substitue dans nos veines du sang exotique à celui que nous tenons de nos ancêtres. Cette transfusion du sang est un subterfuge. La prospérité du Canada doit être celle des Canadiens-français. N’allons pas plus vite que le violon. Ne hâtons pas chez nous l’ère des gratte-ciel. Opposons une digue à la politique du dollar. Pour cela, redorons les cadres des vieilles icônes reléguées dans les greniers et replaçons sur les autels du temple de la nation les statues de nos grands hommes.