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de ton magnifique jardin des plantes. Tu es riche, civilisée, républicaine et vertueuse. Si l’on te voit avec les yeux du corps, rien ne manque à ta gloire.

Cependant, comme ces tombeaux de marbre et d’or, où les puissants du monde dorment leur dernier sommeil, tu n’as laissé en moi que tristesse, et pas un souvenir que j’aime à évoquer.




PREMIERS JOURS D’EXIL.


Située au centre de trois pays en feu, la Suisse s’offrait aux proscrits comme un asile naturel. Elle avait reçu, les premiers, les fugitifs de Novarre ; puis les débris de l’insurrection badoise avaient franchi ses frontières. Presque dans le même temps, les républicains de Rome y étaient arrivés, suivis, quelques jours plus tard, par les socialistes de Paris et de Lyon, qui avaient soutenu, contre l’armée, la cause commune.

Principal foyer des lumières et de l’industrie de la confédération, régénérée par une révolution récente, Genève était devenue le centre le plus important de la proscription européenne. Les exilés y affluaient de toutes parts, espérant des sympathies au milieu de ses prolétaires intelligents qu’agitaient les idées nouvelles. D’ailleurs tout républicain doit trouver place dans toute république, et la main de la réaction n’avait pas encore