Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome I.djvu/251

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Que la démocratie tienne ce fier langage, et qu’elle cesse de craindre la police, car elle lui aura porté le coup de mort, et elle n’exposera plus elle-même, aux regards du public, les plaies qui la dévorent. Plus de corps, plus d’ombre ; plus de partis, plus de police ; qu’aurait-elle à faire au milieu d’hommes indépendants ?

— Je reviendrai sur ce point, car il en vaut la peine, quand je parlerai des sociétés politiques de Londres et de leurs ridicules 134 tentatives pour établir une cour de cassation, jugeant les proscrits en dernier ressort, sous le titre pompeux de jury d’honneur.


Et maintenant, qui pourrait dire si Schnepp avait l’âme foncièrement mauvaise, s’il faut le lapider ou le plaindre, s’il ne s’est pas repenti, s’il pouvait faire autrement enfin que de persister dans sa voie maudite ? — Je ne suis ni criminaliste, ni casuiste, je ne puis prononcer. Je dirai seulement que cet homme s’était trouvé placé dans une de ces positions douteuses, si communes aujourd’hui. Élevé dans la misère et dans l’obscurité, il était parvenu, à force d’adresse, à une sorte d’aisance. Lui, qui n’avait reçu qu’une éducation superficielle, il s’était fait une importante position politique dans le département du Bas-Rhin, et s’était vu recherché par des hommes éminents. C’était Schnepp : existence besoigneuse, déclassée, barbier et chef politique, un de ces hommes que les partis recherchent parce qu’ils