Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome I.djvu/264

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comment étancher sa soif ? Les sources de l’amitié et de l’amour ont été empoisonnées. Partout le pouvoir a glissé sa main chargée d’or. Il a rendu froids le lit de la maîtresse et les serrements de main des amis. Malheur aux hommes qui répandent le sang avec plus de prodigalité que le vin ! Malheur surtout à ceux qui achètent ce que personne n’a le droit de vendre ; la bonne foi et l’affection d’un homme !




Rien n’est plus dangereux que la ruse chronique. En révolution, les plus habiles diplomates reçoivent des leçons des ouvriers ; en duel, les plus brillants tireurs se font tuer par des apprentis. N’aiguisez pas la lame du stylet, n’élevez pas de loups, ne caressez pas d’aspics, ne plongez pas la main dans le feu ; ne jouez pas à la police avec les mouchards. Plus vous vous tiendrez en garde contre eux, et plus ils vous pénétreront. Vous les attendez par la porte, ils entrent par la fenêtre ; vous déjouez leur impudeur, ils feignent la modestie ; vous vous couvrez d’une cuirasse d’acier, ils en trouvent le défaut avec des larmes de tendresse. Toujours la vipère parvient à inoculer son venin ; la flèche de Paris atteignit le talon d’Achille. — Ne jouez pas à la police avec les mouchards.