Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome I.djvu/291

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Que les premiers hommes étaient tremblants en face des eaux débordées et des pierres rebelles ! Comme les grandes Alpes rapetissent le montagnard du Valais ! Comme il rampe lentement, de leurs pieds à leurs têtes, par des sentiers à peine praticables ? On dirait qu’il a peur d’éveiller des colères souterraines. Ver de terre, ignorant, esclave, crétin, l’homme serait tout cela aujourd’hui, s’il ne s’était jamais révolté contre la force. Et le voilà superbe, géant, Dieu, parce qu’il a tout osé !

Et l’homme lutterait encore contre la Révolution ! Le fils maudirait sa mère, Moïse, sauvé des eaux, renierait la noble fille de Pharaon ! Cela ne peut pas être. Au Dieu du ciel, à la Fatalité, la Foudre aveugle ; au Dieu de la terre, à l’Homme libre, la Révolution qui voit clair. Feu contre feu, éclairs contre éclairs, déluge contre déluge, lumières contre lumières. Le ciel n’est pas si haut que nous ne puissions déjà le voir ; et l’homme atteint tôt ou tard ce qu’il convoite !