Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome I.djvu/380

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qu’elle éternise cette mort et cet opprobre dans les familles, parce qu’à la faveur de la violence, elle fait peser sur tous une responsabilité qui ne revient qu’à elle : — plus agressive enfin, parce que la faiblesse et la peur peuvent seules retenir les hommes sur la pente des vengeances, et qu’on reconnaît difficilement ses faiblesses et ses craintes.

Nous en sommes tous là. Seule, la peur nous paralyse quand il s’agit de l’intérêt de nos personnes. Montcharmont au pouvoir eût fait plus hardiment et plus ouvertement que Louis Bonaparte ce que l’on nomme un Coup-d’État, car c’était ce qu’on appelle un homme d’action. Bienheureusement pour sa mémoire, son courage fut employé dans une juste défense, et non pas dans une boucherie que rien n’avait provoquée, que rien ne motivait, qu’une ambition borgne. Mais c’est salir Montcharmont que de le comparer à l’homme de décembre. Sois honni, Louis-Napoléon ! Et puisque la France te supporte, que les Cosaques viennent bientôt traîner ton corps à La Villette. Car tout se classe mieux sous la 219 terre que sur la terre, et la gangrène n’échappe point aux vers qui grouillent dans les charniers.




Je veux vous accorder, pègre judiciaire, que vous ayiez le droit de prononcer la peine de mort. Mais avant de faire tomber une tête, il vaut la peine qu’on y réfléchisse. Savez-vous ce qu’est la Vie, d’où elle vient, où elle retourne, qui la donne