Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome I.djvu/408

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

vous permettez de les torturer par un ton d’autorité et une arrogance de manières que rien ne justifie ; — quand vous êtes outrecuidants, tracassiers, discuteurs, emportés à froid ; — quand ils sont beaux, hardis, sobres de paroles, rayonnants de fierté ; — quand ils vous crient : « Scalpez-nous, nous ne nous abaisserons pas à nous défendre ; » — quand vous plaidez pour accroître votre réputation, et qu’ils combattent pour conserver leurs têtes :

Pour qui est la gloire ? Ce n’est pas pour vous. Et pour qui la honte ! Ce n’est pas pour eux.

237 Pour qui l’auditoire ? Pour eux. Pour qui la Force publique et le greffier crasseux ? Pour vous.

Pour qui les espérances du public ? Pour eux. Pour qui celle du bourreau ? Pour vous.

Qui est vain dans sa lâcheté ? Vous. Qui est simple dans son héroïsme ? Eux.

À qui le cœur des femmes aimantes ? À eux. À qui celui des femmes vendues ? À vous.

Pour qui le bras des hommes libres ? Pour eux. Pour qui le gourdin des assommeurs ? Pour vous.

Qui est obligé d’étouffer les manifestations publiques ; qui déploie la force pour faire respecter la justice ? Qui craint la lumière, l’éloquence inspirée, les vrais témoignages ? Qui viole les droits de la défense ? Qui insulte et massacre impunément ?

Qui tire la ficelle ? Le bourreau : — c’est l’affaire d’une seconde. — Qui la tresse, la passe, la repasse autour du cou ? Qui graisse la machine, qui fait