tribut à toutes ces tortures. Aussi j’attendais avec impatience que le président ouvrît le quatrième acte consacré aux discours politiques et aux toasts ; il me tardait de connaître les idées de la jeune Suisse. Jusque-là je fus d’une distraction scandaleuse, et je n’entendis guère que la voix du tavernier qui disait :
« Écoutez ! la brise agite le feuillage du vieux chêne ; les troupeaux rentrent ; le pêcheur du Léman replie sa voile. Le veilleur de nuit a chanté neuf heures sur le clocher de la cathédrale ! »
Après l’entr’acte obligatoire arriva enfin le quatrième acte tant désiré. Je me rappelai suffisamment mon latin pour comprendre que le président l’annonçait.
Alors l’un des étudiants se leva. C’était un jeune Vaudois à la physionomie intelligente, au regard vif. Ses manières étaient prévenantes, son élocution facile, ses gestes pleins d’ampleur et sa voix sympathique. Il s’appelle Bidaux, c’est mon ami : j’en reparlerai souvent.
Il raconta les grandes pages de l’histoire d’Helvétie. Il commença par vous rendre hommage, pères de la liberté, héros des Waldstætten. Il rappela ta mort plus inconnue, mais non moins héroïque que ta vie, Guillaume Tell !
Il dit la journée de Morgarten, où deux mille confédérés écrasèrent sous des blocs de rochers six mille Autrichiens brillants d’acier, la fleur de la noblesse !