Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome I.djvu/454

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mes d’escorte. Ces hommes racontèrent dans leur pays la grande bataille ; 267 les jeunes filles de Bourgogne pleurèrent leurs fiancés, et l’on apprit de l’autre côté du Jura que les Suisses étaient invincibles. La cathédrale de Berne conserve encore la tente somptueuse, la parure ducale et les diamants précieux recueillis dans cette journée. Avec les os et les crânes des Bourguignons, les citoyens de Morat construisirent un ossuaire pour rappeler aux princes qu’il est dangereux de menacer la liberté des peuples !


« Il n’y a pas encore un demi-siècle, une autre armée traversa le Jura, sous la conduite du plus grand capitaine de nos temps. Des aigles d’or planèrent dans les régions où crient les aigles fauves. Bonaparte trôna dans tous les palais de l’Europe. Seuls, les montagnards des Alpes et des Pyrénées lui résistèrent jusqu’à la mort, disputant à la tactique militaire les solitudes paternelles.


« Et qui donc arracherait de nos mains l’étendard de la liberté ? Qui donc fonderait une dynastie dans ces montagnes. Il n’y a que les aigles, les chamois et nous qui puissions y élever nos familles ; l’arbre du despotisme n’y prend point racine ; quand on l’y transplante, il meurt.


« Il est aussi, parmi nous, des hommes qui trahissent. Ils ont fondé leur fortune par l’injustice, ils voudraient la conserver dans l’esclavage ;