Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome I.djvu/462

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Le tavernier s’éveilla : « Écoutez ! On a sonné le couvre-feu. Les boutiques se ferment. Les dernières branches de sapin pétillent dans l’âtre. Le veilleur de nuit a chanté dix heures sur le haut de la cathédrale. »

« Qui vous en demande si long ? dit le président. — Je ne croyais pas vous offenser, répondit le tavernier. »


Il y eut un nouvel entr’acte. Un étudiant de Grandson nous dit des vers qu’il avait composés pour la Suisse, pour la Liberté et pour sa fiancée : « Les montagnes sont l’asile des hommes libres. — L’amour est né de la Liberté. — Les hommes vaillants aiment les jeunes filles délicates. — Les jeunes filles délicates sont des lionnes dans les combats. — J’ai sorti l’anneau d’or du doigt de ma fiancée, je l’ai fait reluire sur mon ruban rouge, et j’ai passé mon doigt dans l’anneau de ma fiancée. — Et je lui ai dit : Toi qui as ma foi, je te quitte pour aller chercher la Science. — Fais briller mon anneau quand des jeunes gens plus beaux que moi te parleront d’amour. — Tu verras mes yeux dans son miroir.

« Heureux ceux qui récitent des vers quand ils sont jeunes ! Heureux ceux qui ont les cheveux en désordre et le regard inspiré ! »




Mon tour vint de parler, et je dis :

« Étudiants de l’Helvétia, nos amis et nos frè-