Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome I.djvu/66

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lettres, les arts et les sciences, l’inspiration du génie individuel s’élèvera sur les ruines de la tradition.

Ainsi finiront les privilèges de l’instruction et de la science, et la secte des savants au milieu des hommes.

Frappe le fer, ami, et que, plus rapides que mes heures de solitude, s’écoulent tes heures de travail !

L’épargne est inconnue de l’ouvrier. Quand la rapacité du patron lui laisse une heure de temps et un peu d’argent mignon, il ne 12 les consacre pas à satisfaire une ostentation vaine. Il compte pour quelque chose les besoins de son intelligence. Lui qui, tout le jour, a dépensé ses forces, il étudie le soir, et le sujet de ses études lui est fourni par ses travaux ; il vit par l’industrie, il veut en connaître les lois ; il veut savoir comment sont produites les richesses sociales, comment elles sont distribuées et consommées. Il lui importe aussi de se rendre compte de son origine, de sa destinée, de son travail, et de la place qu’il occupe dans l’immense machine, lui qui, jeté dans le monde par la main du hasard, s’est fait tout ce qu’il est.

L’ouvrier se procure donc les livres qui traitent des questions qui l’intéressent ; il les médite et les commente, en compare les assertions théoriques avec ses données pratiques, et n’admet rien sans preuves. Un seul livre, lu de cette manière