Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome I.djvu/68

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

diriger le peuple, ils croient 13 que le salut de la Révolution repose sur leurs crânes vides, et parlent avec une égayante assurance de leur parti, de leurs hommes, de leurs départements, de leurs faubourgs et de leurs soldats ; quelques-uns ont dit mon peuple. Holà ! messeigneurs, mais allez donc discuter les problèmes sociaux dans les ateliers de Paris et de Lyon, et vous apprendrez que vous ne savez rien que des intrigues, des cancans et des calomnies ; que vous n’avez rien retenu que des citations de Cicéron, de Messieurs de Robespierre, Saint-Just et Gracchus Babeuf. Tous ces braves gens-là sont morts, et vous leur survivez piteusement. Vous êtes philosophes à la façon de ces animaux qui reviennent à ce qu’ils ont vomi, vous faites ventrées neuves d’arguments perpétuellement anciens. Vous ressemblez aux vieillards qui veulent enseigner la vie aux jeunes hommes. Les sociétés marchent, et vous, qu’elles remorquent avec peine, vous leur criez en avant ! Sachez donc que les ouvriers n’ont besoin pour s’émanciper ni de partis, ni de chefs. Aucune force organisée ne saurait arrêter le mouvement de décomposition sociale ; et la démagogie n’est pas même une force.

Frappe le fer, ami, et que, plus rapides que mes heures de solitude, s’écoulent tes heures de travail !

Tu es ferblantier et prolétaire, je suis médecin et privilégié. J’expie sur cette terre mon péché originel.