Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome I.djvu/90

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aux autres, ni égal à qui que ce soit, mais différent de tous. Aussi ne veux-je pas être le réflecteur des autres, en me renfermant dans le juste-milieu de la compilation.

28 J’aspire à être moi, à marcher sans entraves, à m’affirmer seul dans ma liberté. De cette manière, les erreurs ou les vérités qui se trouveront sous ma plume seront bien miennes, et je serai prêt à en répondre.

Que chacun, dans quelque condition sociale qu’il se trouve, grand ou petit, riche ou pauvre, artisan ou littérateur, que chacun fasse comme moi et se proclame libre. Et ne vous tourmentez plus alors du salut de la Révolution ; elle sera mieux entre les mains de tout le monde qu’entre les mains des partis.




Jeunes hommes du xixe siècle ! est-ce respirer que de trembler toujours sous l’absurde crainte du ridicule ? Est-ce vivre que de ne pas oser ouvrir sa droite, lorsqu’on la croit pleine de vérités ?[1] Réagissons contre cette torpide manie

  1. Il n’y a que les moralistes qui puissent écrire comme Fontenelle : « Si je tenais toutes les vérités dans ma main, je me garderais bien de l’ouvrir pour les montrer aux hommes. » Nos écrivailleurs bourgeois en sont tous là, avec tout leur talent de style. Je défie qui que ce soit de trouver une conclusion dans toute la collection de la Revue des Deux Mondes, l’encyclopédie politique la mieux rédigée de notre temps. En lisant tous ces articles signés des noms les plus connus dans la littérature et les affaires publiques, on se demande comment tant d’érudition peut être mise au service de tant de bassesse.