Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome II.djvu/143

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ble il serait encore, si les vêtements se déchiraient du col à la braguette et laissaient voir les âmes noircies qu’ils couvrent de leur voile !


Quoiqu’il en soit, il faut accepter les protestations même les plus timides. Il faut en conclure que l’originalité de l’homme ne peut pas être anéantie, mais qu’elle est amoindrie, gaspillée dans des détails qui font la honte de notre bon goût et de notre bon sens.

Cependant nous sommes pressés par des questions si hautes, si suprêmes que nous ne pouvons plus dépenser notre vie dans les mille futilités de l’étiquette, et qu’il faut nous en délivrer à tout prix, sans regret, sans retour… Ou mourir avec elle, saignés par mille épingles.


En l’air donc castors, corsets, cravates, crinoline, polissons, tours, mollets et toupets et perruques ! Que la Valse, l’infernale, trépigne sur des lambeaux de fracs, de livrées et de galons ! Que le voluptueux Fandango secoue de ses doigts maigres les gants et les anneaux trop serrés sur sa main ! Que l’Humanité passe en tournoyant sur ses vieilles défroques ! Qu’elle soulève de son pied cambré des nuages de poudre, de fard, de plumes et 75 de senteurs malsaines ! Que coiffeurs, tailleurs, chemisiers, corsetiers, bonnetiers effarés, modistes catarrheuses se pâment une bonne fois pour ne plus reparaître sous des formes si sèches ! Que les générations nouvelles se plongent dans