Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome II.djvu/194

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quée sous les cieux par des bienfaits sans nombre, d’abondantes productions et des hymnes de gratitude.

110 C’est toi qui, le matin, sur la cime des monts, sur la mer infinie, sur les prés et les lacs, dans les larmes de rosée, dans la corolle des fleurs, sur les blancs châlets, sur les brillants clochers des églises rustiques, secoue les rayons d’or de ta robe enflammée.

Tu réveilles les grands troupeaux avec leurs pâtres. Et les bœufs, les génisses, les agneaux, les chèvres brâment. Et les bergers chantent. — Et le grand Univers te salue, Roi des Cieux !

Tu dores les ailes du chardonneret, tu rougis la gorge du bouvreuil, tu dilates la poitrine de l’alouette bienheureuse. Et les petits oiseaux sautent de branche en branche dans les arbres touffus. Et chaque feuille qu’ils agitent semble gazouiller tes louanges. — Et le grand Univers te salue. Roi des Cieux !

Tu troues les rideaux de la demeure champêtre, tu chatouilles la paupière du chasseur endormi ; tu traverses les bois de tes traits sidérants, tu te mires dans la soyeuse prunelle des biches et des chevrettes. Tu reluis sur les canons du fusil, tu dégages des herbes humides la piste trahissante que recueillent les chiens de leurs ardents naseaux. Et la meute vorace découvre, poursuit la bête surprise, et lui hurle sa mort. Celle-ci bondit effarée, haletante, dans les clairières. Et le point de mire étincèle, et l’œil perçant de l’homme s’en-