Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome II.djvu/196

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— Et plein de reconnaissance, il élèvera sa voix avec l’Univers pour célébrer ta gloire, ô puissant Roi des Cieux !


À l’heure bénie qui divise le jour, quel est l’astre vivant qui couvre la terre d’or ? Qui jaunit les beaux blés ? Qui mûrit sur la treille les raisins blancs et noirs ? Qui dépose aux joues des fruits des baisers fécondants ? Qui prépare des bains chauds dans les lacs, les rivières et les golfes limpides ? Qui rend le poisson joueur, l’homme bienveillant, la fourmi paresseuse ? Qui vernit l’aile des libellules, des papillons et des navires ? Qui brille sur les guérets comme sur des peaux de tigre sous le ciel étendues ? Qui réchauffe l’insecte imperceptible, le fragile lézard, le faible, le malade, le ratero, le contrebandier, le vieillard et le petit enfant ? Qui rassemble tous les êtres dans une lumineuse enveloppe d’allégresse et de vie ?

C’est encore toi, Soleil, que l’Univers salue, Roi tout-puissant des Cieux !


Oh que la terre est triste quand tu l’abandonnes pour la mer, sa rivale, qui te reçoit la nuit dans son lit d’algues vertes ! Comme la jalousie la fait rougir d’abord, puis pâlir, s’assombrir ainsi qu’une veuve en grand deuil ! Comme elle te supplie de rester sur son sein ! Un instant de plus, une caresse encore ! s’écrie-t-elle par la voix si douce des êtres les plus humbles qui murmurent en s’endormant. Mais pour attendrir ta pitié, c’est en vain