Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome II.djvu/203

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Êtes-vous les écharpes des fées alpestres ? Vous accrochent-elles, quand elles reposent, aux grises dentelures du rocher ? Êtes-vous leurs collerettes, leurs dentelles d’argent ou d’or ?… Qui le sait ?


Êtes-vous la mantille de la lune, le voile des étoiles qu’elles laissent tomber à terre pour nous sourire ? — Êtes-vous la chemise des montagnes que Phœbé rabat, que son blond frère déchire ? — Êtes-vous leurs berceaux ou leurs cercueils ? — Êtes-vous les ombrelles, les éventails, les parasols de la terre ? — Êtes-vous les robes soyeuses, bleues, rosées, écarlates et gorges de pigeon 116 dont la riche nature change tous les jours comme une sultane d’Orient ?… Qui le sait ?


Êtes-vous les dragons, les griffons, les tigres, les panthères, les aigles, les vautours gigantesques qui remplissez l’air de terreurs ? — Êtes-vous la formidable armée des esprits rebelles qui tentez de nouveau l’escalade des cieux ? — Êtes-vous les traînées de poudre, les ruisseaux de sang destinés à rappeler aux hommes les ravages de la guerre, à faire naître eu leur cœur des regrets, des remords ? — Êtes-vous les mains impalpables, les fines toiles de lin étendues sur le globe pour guérir ses blessures ?… Qui le sait ?


Jouissez-vous, souffrez-vous, quand Apollon, Diane, vous passent en revue, quand les éclairs